Comment faire le deuil de ses objectifs sportifs ?
C’est maintenant une certitude : la saison 2020 va très fortement être impactée par la crise du COVID-19.
Après les marathons de printemps, c’est au tour des triathlons, des JO de Tokyo 2020, de Wimbledon, de Paris-Roubaix … bref il n’y aura aucune course au printemps 2020 !
N’ayant aucune visibilité sur l’évolution de l’épidémie, il est même hautement probable que les épreuves estivales ne puissent, elles non plus avoir lieu.
Dans ce contexte, il va falloir faire le deuil de ses objectifs … comment faire ?
Le deuil
Lorsque l’on perd une personne de son entourage, le processus d’acceptation et de reconstruction suit différentes étapes. C’est ce qu’a montré la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, dans les années 60, avec sa théorie des 5 phases du deuil. Ces principes sont souvent extrapolés dans d’autres situations personnelles ou professionnelles.
Dans la période que nous vivons actuellement avec le confinement, les annulations successives des compétitions, il n’est pas exagéré de faire une parallèle. D’autant que la situation actuelle nous renvoie deux éléments exacerbant les pensées parasites et les émotions : nous avons un sentiment de vulnérabilité face à la maladie invisible et en parallèle, nous n’avons pas une idée claire sur la fin de cette période. Nous n’avons donc aucun contrôle sur la situation.
Aussi, nous devons faire le deuil de tout ou partie de nos objectifs sportifs 2020.
Quels sont les phases du deuil
La première phase est le choc et le déni. Pendant une courte période, nous n’avons pas compris l’étendu de ce qui se jouait. Voire nous l’avons même refusé. Dans cette période, les émotions semblent absentes ou atténuées. On est un peu anesthésié, engourdi. On peut même croire que ce n’est pas réel. C’est en quittant cet état que la réalité de la perte s’installe.
La seconde phase est la colère. Nous nous révoltons contre un sentiment d’injustice, nous cherchons des responsables. C’est une grande période de questionnements qui peut durer. Dans certains cas, un sentiment de culpabilité peut aussi apparaître.
La phase suivante est la négociation. Nous cherchons à « négocier avec la réalité » pour reprendre espoir et donner du sens à ce qui n’en a pas. On cherche des moyens pour inverser la situation, pour la compenser. Typiquement dans notre cas, c’est la ruée sur les séances de home trainer, sur les programmes de PPG. On cherche à tout prix à maintenir un rythme et une qualité d’entrainement « comme avant ».
Puis vient la phase de tristesse, d’abattement, de douleur. A ce moment, nous prenons pleinement conscience de la perte. C’est un moment d’abattement, de manque d’énergie, de grande fatigue. Cette décompensation est normale car depuis le début de l’évènement, les émotions ressenties ont été nombreuses et d’une très forte intensité avec des impacts physiologiques et psychologiques pouvant être fort. Cette étape est cruciale dans le cheminement car elle permet d’aller vers l’acceptation et la projection vers le futur.
Dans cette dernière étape, l’acceptation, nous commençons à nous projeter vers un avenir différent. Nous cherchons des ressources pour construire de nouveaux projets, pour redonner du sens. Progressivement de nouvelles forces s’installent, nous retrouvons plus de sérénité.
Aujourd’hui, diverses études montrent que ces diverses phases ne sont pas linéaires. Chaque personne navigue de l’une à l’autre à son rythme. On peut traverser certaines rapidement, et être « bloqué » sur d’autres.
Comment se reprogrammer pour 2020 et la suite
Concernant nos objectifs sportifs 2020, ils sont soit annulés, soit maintenu à ce jour tout en sachant que la préparation que nous avions prévue ne sera plus la même. Il est illusoire de croire que l’on pourra avoir le même niveau de performance en sortie de crise que ce que l’on aurait eu avec une programmation « normale ».
Par ailleurs, dans la période de confinement que nous vivons, il est important de maintenir un certain niveau d’activité physique mais aussi de prendre le temps pour poser les bases de 2020, 2021.
Et cela est particulièrement vrai pour les sportifs de haut niveau ou ceux ayant habituellement de gros volumes d’entrainements. En effet, pour ces personnes, l’activité physique (dans son sens le plus large) est un élément structurant de leur quotidien. Il y a donc une déstructuration forte avec une potentielle perte de repères. Il faut être conscient que pour les personnes valides dans la situation actuelle, les impacts psychologiques sont tout aussi importants que les aspects physiologiques.
C’est pourquoi, il semble intéressant de mettre à profit cette période pour réfléchir et travailler autour de plusieurs axes :
- Avoir une réflexion autour de mon projet de vie rêvée en sortie de crise ? La place du sport dans ma vie ? Ce que je veux être en tant que sportif, mon rêve ? Ce que le sport m’apporte ? Ou en suis-je par rapport aux phases du deuil présentées ci-dessus ?
- Qu’est ce que je pourrais mettre en place aujourd’hui pendant le confinement pour préparer Mon demain revisité ? Sur ce point, n’hésitez pas à utiliser la démarche SMART comme je l’explique dans mon article sur les habiletés mentales.
- Mettre en place une approche mentale de mon sport, avec par exemple des axes de développement suivant :
→ Identifier et gérer mes émotions
→ Activer le bon niveau d’énergie et savoir le faire en toute circonstance
→ Elaborer ma stratégie motivationnelle
→ Travailler des techniques de respiration, de visualisation, de relaxation dynamique activables selon les situations rencontrées
→ Pratiquer mentalement mon sport, ma discipline - Réfléchir à long terme en commençant à réfléchir à vos objectifs pour les prochaines saisons. Pour cela, vous pouvez vous appuyer sur les conseils proposés dans cet article intitulé “Comment définir ses objectifs sportifs ?“
En conclusion
Pensez à vous, prenez soin de vous (au sens premier du terme en acceptant vos forces et vos faiblesses), tout en maintenant un lien social important. La parole est cruciale dans ce type d’évènement « extra ordinaire », elle est facteur de résilience.
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Auteur
Pierre Cochat
Préparateur Mental WTS
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Pour aller plus loin
– Lire l’article : La visualisation ou la puissance de l’imagerie mentale
– Lire l’article : Mesurer sa performance mentale
– Se relancer avec 11 séances de home-trainer
– Faites appel à un coach WTS pour structurer cette période de confinement forcée
– Un peu de lecture pendant votre période de confinement, pour préparer la saison 2021 !
3 COMMENTS
Bonjour tout ceci est bel et bon mais on ne vous pas attendu pour éprouver la difficulté de passer de beaucoup à très très peu vous n’amenez rien !de là par des autorités il aurait été de bon aloi d autoriser les compétiteurs à s entraîner seuls mais l état jacobin sous couvert d égalité ne VEUT PAS d une telle chose alors nous en sommes d autant que le non respect de beaucoup ont incité le gouvernement à durcir le confinement pour ma part j ai fait comme beaucoup une croix sur 2020
Bonjour,
Merci pour vos articles.
Quel est le volume journalier sur Home trainer par rapport à un entraînement classique . merci pour votre réponse. Bien à vous . prenez soin de vous et de vos proches.
Denis PARET
Bonjour Denis,
Merci pour votre question.
En moyenne, il faut diviser par 2 le volume de vélo en extérieur pour avoir un équivalent sur HT… ce dans la limite de 1h30
Donc 2h en extérieur = 1h sur HT
Sportivement
L’équipe WTS