Les troubles du cycle menstruel chez la sportive… et si c’était la Triade ?
Le nombre de femmes et de jeunes filles faisant régulièrement de l’activité physique ou participant à des compétitions, a spectaculairement augmenté ces trente dernières années. Les “dangers” du sport pour la femme amateur et professionnelle est un sujet encore tabou. Depuis les années 1980, un plus grand nombre de recherches portant sur les effets de l’exercices sur les femmes, ont été effectuées. Edouard Hervé, ostéopathe du sport, nous en dit plus.
La Triade de l’athlète féminine
La définition de la Triade a été décrite en 1992 et redéfinit en 2007. C’est un syndrome comprenant des troubles du cycle menstruel, une densité minérale osseuse basse, et surtout un déficit énergétique (qui succède à anorexie athlétique de 1992).
10 Points à retenir
1) Les Sports à risques :
Pour certaines sportives, la minceur est primordiale pour la performance. Les sports à risques sont les sports d’endurance (Triathlon, running, cyclisme, athtlétisme..), les sports de catégorie de poids (sports de combats) et sports esthétiques (gym, patinage, natation synchronisé, plongeon, bodybulding).
2) Diminution de la performance :
Les sportives s’entrainent pour améliorer leur performances ; cependant, en ne respectant pas une disponibilité énergétique minimale, elles vont vers une diminution de la performance.
3) La disponibilité énergétique :
C’est la différence entre, les apports et les dépenses énergétiques. Elle doit être d’environ 30 kcal/kg de masse maigre(MM), soit environ 1350 kcal/J pour une sportive de 60 kg (dont 45 kg de MM) pour une fonction ovariene normale.
Une alimentation équilibrée et variée, correspondant aux dépenses énergétiques de la journée d’entrainement, doit être indispensable. Un déficit énergétique est la pierre angulaire de la triade. N’hésitez pas en parler à un spécialiste en nutrition sportive.
4) Les troubles du cycle :
Ce déficit énergétique engendre donc des troubles des règles. C’est le symptôme le plus reconnaissable de la Triade. Ces troubles peuvent être une infertilité, des spanioménorrhées (règles minimes), des ménométroragies (règles abondantes et anarchique), oligoménorrhée (règles espacées), dysmenorrhée (règles douloureuses), et au finale une aménorrhée (absence de règle). Si une aménorhée est présente depuis au moins 6 mois, alors les premiers troubles de la masse osseuse apparaissent.
5) L’ostéoporose :
Elle est la conséquence d’une aménorhée supérieure à 6 mois. Elle est réversible. Elle est plus importante dans les sports non traumatisants (cyclisme). Les fractures de fatigue peuvent en être un signe révélateur.
Pour la traiter, la prise de traitements médicamenteux hormonaux n’est pas démontrée. Il faut corriger le déficit énergétique jusqu’à une prise de poids et une augmentation de la masse grasse (MG). L’ostéoporose est diagnostiquée par une ostéodensitométrie prescrite par votre médecin.
6) Déficit énergétique :
Des apports alimentaires inadéquates ne s’accompagnent pas obligatoirement d’un amaigrissement car le poids peut rester stable en raison de la réduction de la dépense calorique de repos. Mais la fonction ovarienne n’aura pas assez d’énergie.
Les apports hyperglucidiques ne sont pas suffisants et altèrent la synthèse d’oestrogènes si les lipides représentent moins de 20%.
7) Anorexie et boulimie:
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) peuvent passer de l’anorexie athlétique (AA, à l’anorexie mentale ou à la boulimie. L’AA est un déficit énergétique dû au sport intensif et à l’idée qu’il faut maigrir pour performer. Il faut faire très attention à cela pour ne pas basculer à une IMC<18 et une MG<13% qui tend vers une diminution de la performance.
Le risque est de tomber dans l’anorexie mentale qui se manifeste par une perturbation psychologique de l’image du corps.. Cette pathologie doit être traitée par médecin, nutritioniste, et psychologue réunis.
8) La sportive la plus à risque :
· Est une perfectionniste avec des objectifs élevés
· A un désir puissant de plaire aux autres
· Fonde sa propre valeur sur la réussite et la performance
· Est prête à tolérer la douleur et à se sacrifier pour atteindre sees objectifs.
· Est critique à son propre égard
· Se concentre sur le maintien d’un ”poids ideal” et d’un niveau de masse grasse optimal.
· Pratique les sports d’endurance, sports esthétiques, et sports à catégories de poids.
· Pression de l’entourage (entraineurs)
· La Bigorexie, l’addiction au sport.
9) Prévention et traitements :
La meilleur prévention de la triade est l’éducation des athlètes, des entraineurs, des éducateurs et des parents. Mettre l’accent sur les bonnes habitudes de vie, sur l’importance de la santé et les risques de la triade. Les sportives ne doivent pas hésiter à en parler à une équipe pluridisciplinaire tel que médecins du sport, nutritionistes et psychologues, car les conséquences (carences, fatigues, fractures, dépression, anorexie et mortalité) peuvent être désastreuses pour leur santé.
Plus l’athlète commence jeune (6 à 12 ans) avec un entrainement intensif (et qui plus est dans une discipline d’endurance ou de gymnastique), plus l’adolescente a de risque de développer des TCA.
Le traitement consiste à augmenter les apports énergétiques (un bilan nutritionel individuel est nécessaire), et en particulier les lipides (au moins 20%) jusqu’à une prise de poids et une augmentation de la MG.
Si la sportive n’adhère pas au traitement, il faut restreindre l’entrainement en commençant par 1 entrainement en moins par semaine, et parfois interdire la compétition si elle présente une anorexie.
10) La contraception chez la sportive :
La pilule oestroprogestative est utilisée par environ 60% des sportives.
Mais pour 75% d’entre elles, leur motif de prise de la pilule n’est pas la contraception mais les bénéfices secondaires…
La liste est nombreuse, par exemple : régulariser ou décaler les cycles pour ne pas avoir de règles durant la compétition, diminuer les pertes de sang pour minimiser les risques d’anémie, éviter la dysménorrhée (douleur) et corriger le syndrome prémenstruel qui abaisserait le niveau de performance…
Les avantages de la prise en continue des pilules monophasique (on saute les 7 jours d’arrêts ) sont donc nombreux mais cela dérègle le système hormonale et engendre une surcharge de toxines qui ne peut s’évacuer. L’idéal est de se faire traiter en ostéopathie pour éviter les douleurs pré-menstruel et les effets secondaires.
D’après Martineau, dans les cas de sport à haut risque de blessures de LCA (ski, foot, rugby) si la compétition tombe entre deux plaquettes il vaut mieux continuer la prise.
Les contraceptions progestatives pures (orale ou implants) ne sont pas recommandées chez les sportives, ainsi que le stérilet au cuivre.
Il est indispensable d’anticiper la prise en charge ; c’est-à-dire consulter votre gynécologue et votre ostéopathe en amont de la compétition.
Bibliographie :
Gynécologie du Sport, risques et bénefices de l’activité physique chez la femme de Thierry ADAM chez Springer, Santé Athlé Juin 2009
—————-
Téléchargez l’article en version PDF:
.
.
.