Le Flow ou le fait de vivre des expériences…
Le flow (flux en français), cet état où “rien ne peut nous arriver”
Le flow nommé également “état psychologique optimal” (on dit aussi “être dans la zone”) est un concept qui a émergé dans les années 1970 dans le domaine de la psychologie générale puis de la psychologie du sport par la suite.
Mihaly Csikszentmihalyi est considéré comme le père fondateur de ce concept. Ses travaux de 1975 à 2000 ont permis de définir le Flow comme un état d’activation optimale dans lequel le sujet est complètement immergé dans l’activité (oubliant toute notion du temps ainsi que toutes préoccupations).
Ainsi, il identifie plusieurs éléments qui sont les indicateurs de l’apparition et de l’intensité du flow :
- une perception d’un équilibre entre ses compétences personnelles et le défi à relever. On se sent parfaitement en phase, en pleine possession de ses moyens.
- une centration de l’attention sur l’action en cours. Rien ne me perturbe, je suis dans ma bulle…
- des feedback clairs. Je suis dans ma bulle MAIS je vois mon environnement (les gens qui m’encouragent, les paysages, etc.), je sens mon corps (par exemple, les signes de fatigue sont clairs et je suis OK).
- des sensations de contrôle sur les actions réalisées et sur l’environnement. Ma tête et Mon corps réagissent comme je le veux.
- l’absence de stress, d’anxiété et d’ennui ainsi que la perception d’émotions positives (bien-être, plaisir, etc.).
Mais la question que se pose un coach est “Comment faire pour se (re) trouver dans cet état optimum ?”.
Les conditions qu’il faut réunir à minima (Mais sans garantie absolue de succès… malheureusement)
Un défi réaliste
Pour cela, je vous renvoie à la définition de Peter F. Drucker (management par objectif en 1954) définissant le concept de SMART : Spécifique Mesurable Acceptable et Ambitieux Réaliste Temporel.
Des objectifs / règles / organisation précis et clairs
Il faut réduire le plus possible tout facteur d’incertitude, d’inconnu qui, pour la plupart d’entre nous, sont générateur de stress.
La sensation de faire face et de maîtriser la situation
En parallèle du point précédent, il faut lâcher prise sur le contrôle absolu. Il va nécessairement se passer des choses imprévues. Ce n’est pas grave, je les accepte (souvent l’échec commence là, par le refus) car j’ai confiance en mes talents, mes capacités pour y faire face.
Une concentration sans faille
Elle doit être totale. Si des facteurs externes, internes me font sortir de ma bulle, je dois activer mes parades pour y retourner le plus vite possible (dans mon précédent article sur le questionnaire OMSAT-4, ce sont les 2 critères Concentration / Reconcentration qui sont mesurés).
Pour cela, des routines à base de PNL et/ou de Sophrologie sont extrêmement efficaces. Quand le stade maximal est atteint, l’athlète devient totalement immergé dans ce qu’il fait (on parle d’union entre l’action et la conscience), il perd la notion du temps (on appelle ça l’élasticité du moment qui passe soit vite, soit lentement), il perd même la notion de son corps (et de ses douleurs).
Des feedbacks
Pour entrer dans cet état optimal et y rester, il faut que l’athlète reçoive des retours d’informations lui disant de continuer, de changer, de s’adapter tout en restant aligné sur l’objectif. C’est pour cela, que dans les sports ou le coaching durant l’épreuve est autorisé, il est fondamental de faire ces feedbacks. Et là, on touche à un autre aspect : le langage verbal et non verbal entre l’athlète et son coach. Dans les sports plus “solitaires”, tous les moyens sont bons pour en donner (voir s’en donner : par exemple, le fait de se parler ; le fait de sourire comme le faisait systématiquement Chrissie Wellington sur ses marathons sur Ironman).
Un détachement par rapport à l’enjeu de la tâche à accomplir
Ce facteur est probablement le plus difficile à atteindre et à travailler. Comment arriver à dire et faire accepter à son athlète le fait que “cette épreuve des JO est certes Unique, mais qu’il faut s’en détacher pour mieux performer” ? N’ayant jamais coaché à ce niveau, je n’ai pas cette expérience. Mais ce que peux en dire à travers mon vécu :
- les athlètes centrés sur la performance plutôt que le résultat y arrivent mieux.
- il faut enlever de la tête de son athlète les projections “d’après match” alors que la partie n’a même pas démarré !! (Ne pas penser à “quelles seront les conséquences de mon éventuelle victoire ou de mon éventuelle défaite ?”).
- il faut vivre le moment présent : “Etre Ici et Maintenant”, “Quand je rentre dans l’arène, je suis acteur”.
- les facteurs de motivation intrinsèque vs extrinsèque sont fondamentaux.
En conclusion de ce point, je dirais qu’il faut avoir l’ambition de la performance.
Je vous recommande aussi d’écouter cette conférence de Mihaly Csikszentmihalyi : “Le Flow, le secret du bonheur”.
Je recommande aussi la lecture de cet article de Demontrond Pascale, Gaudreau Patrick, “Le concept de « flow » ou « état psychologique optimal » : état de la question appliquée au sport” Staps, 2008/1 (n° 79), p. 9-21. DOI : 10.3917/sta.079.0009.
Par Pierre Cochat
Préparateur Mental
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